METEO QUI TOUSSE

&

PARANO SUDISTE

 

 

  Oyez, oyez, « inter-notes » des horizons cybernétiques et de la Terre du Milieu et demi ! Afin d’entamer le monologue, souffrez que, dans un premier temps, je vous broie quelques phalanges, messires, et bise distraitement votre joue la moins fardée, mes sœurs. Pas envie de glairer mes limaces avec le trop coulant maréchal Rimmel. Puis, secondement, sur le tempo binaire de ma foulée primaire mais aérienne, que je vous entretienne… Bref, vous connaissez la chanson, déjà grosso modo ouie à l’occasion de mon humeur bénigne précédente. Ici, ce ne sera jamais le compartiment non-humeurs, sachez-le bien, braves gens. D’ores et déjà, qu’on se le murmure à l’oreille d’écheveau dans les chaumières de France et de Navarre !

  La fois d’avant, en queue de bafouille, j’ai promis de vous tâter une paire de mots sur la reproduction des morpions en milieu glabre. Hélas, désarmé, je ne puis m’exécuter. Les poils, c’est comme la laideur : ça repousse ! Façon planche à clous de fakir royal. Donc, puisqu’ils ont émigré vers des cieux moins fournis en pilosité galopante, je n’ai pas trouvé motif à point de chute. Et puis, en France, avec cette canicule, faut comprendre ce besoin de fraîcheur et de pureté qui pousse nos intimes pu-puces à changer de pores d’attache. 

  Bon, maintenant, trêve de billevesées et de balivernes ! Entrons d’un pas allègre dans le vif de ma démarche. Imitant la confiture, je m’étalerai un chouia aujourd’hui ; j’en suis, chères tartines, plus par avance que par inadvertance profondément désossé. Je vais donc traiter d’un thème dont au sujet duquel j’ai des choses à vous dire. La météo, tiens, justement. Puisque analogue à celle des crabes pubiens, je vais causer de la migration des nuages pollueurs et de l’escalade sur une échelle très peu richtérienne de la pitit’ grinouill’ qui monte, qui monte… Mais vais le faire de manière objective, votre honneur ! Pas comme à la téloche, qui miroite et nous pompe l’air avec son double objectif : informer en déformant d’abord, manipuler en manigançant ensuite.

  Ainsi, voilà que se pointe devant la carte d’identité hexagonale une nana gironde, sans être bordelaise ni bordélique, ou un mec coincé, sans le i et l’ultime syllabe. Avec son QI d’huître ménopausée ou d’oursin pré-pubère, chacun viendra nous annoncer qu’en plein été, à Paris, la température est de 36° sous les ponts, à Lyon de 32° à l’ombre des crédits et, à Marseille, de… 26°. Tiens, c’est là que quelque chose cloche, tinte, gongue. Vous j’ouïssez aussi ? Où qu’est blessé le bât. Qu’y a maldonne grave. Les dés sont pipés, et les pipes, c’est Dédé.

  Paris, c’est bien le capitole et la capitale de notre France d’en haut, non ? Et Marseille, celle de la France d’en bas, du soleil, de la chaleur, de la lumière, de l’accent, ou me goure-je ? Alors… Alors, faut vous dire que la météo, visiblement, ne tient pas compte des aléas de la pollution, non, mais fait gaffe aux allez-y de la politique, oui. On ne compare pas, si on est honnête, 36° d’air saturé à 26° de respiration chaleureuse prodiguée par notre mère la mer, reine avec le soleil de la teinture d’iode et proche cousine de Notre-Dame de La Garde (qui meurt mais ne se rend pas). M’étonnerait même que ce 36-là soit tout à fait euro (c’est fini, le franc, voyons) du collier.

  Il y a œuf corse les z’hypothèses de la discrimination géographique, de la jalousie nordiste à l’encontre de ces vilains sudistes pas beaux qui puent du bec et volent bas, tels les gabians, ces pseudo-goélands à l’étymologie arménienne que d’aucuns aimeraient plumer en mains propres du côté de la Cane-Canebière, tant ils sont antipath(ét)iques – les gabians, pas les Arméniens.

 

  (Respirez… la phrase fut longue, et j’en suis tout « qu’on trie ». Mais garantie pur jeu, elle est, cette prose-café.)

 

  Queue n’hennit, glands d’yeux ! Mais, pour ma pomme pomme glaire, vaut mieux éviter, éluder, sinon je vais passer pour le paparano de ses vices. Et là, franchement, je n’ai pas vraiment envie d’en être le protagoniste, ni le bouc émissaire (m’en fous, j’suis bélier), ni le seigneur – le seigneur des paranos, évidemment… Juste le représentant de la pensée collective of here, ainsi que son porte-parole poisseux ou son porte-poisse qui parole, parole, parole… De toute façon, où vont-ils passer leurs vacances, tous ces Français moyens d’en haut de l’affiche bleu-blanc-rouge et qui ont la chance de vivre entre les murs de la soi-disant plus belle cité du monde, Lutèce Borgia, hein ? Gagné, James ! Dans le Midi 13.

  Avec, vous savez, « L’atours est faible », je crois. Cette grande girafe rouillée que tout le monde vient photographier, surtout pour vérifier si cette merveille tristement mondiale est, oui ou non, plus rouillée qu’une bonne bouillabaisse, une vieille pute rouquine de l’Opéra ou la dose de tolérance d’un adhérent au FN. Et puis, y’a La Joconde, que si elle ne serait pas un tantinet transsexuelle sur les bords et au milieu…

  Car quoi (et des flèches), souvent on nous bassine avec :

 

« Mistral à 120 km/h sur Marseille et sa région… »

 

  Mettez-vous à la place du quidam qui a prévu d’aller à la pêche le lendemain, lorsqu’il lit cette prévision sur son écran de télé, la veille au crépuscule. Oh, Peuchère ! Il a bossé toute la semaine, il est épuisé, las, stressé ; combien de fois a-t-il insulté mentalement son patron et Dieu… C’est sa matinée chérie mijotée par dame nature adorée, qui est bien bonne. Il a tant pris de son temps pour préparer cette journée d’assassinat d’écailleux ; a fait tant de provisions en prévision, le samedi après-midi… L’a pas éclusé une seule goutte de Pastaga ou de pinard, hier soir, craignant d’avoir la gueule de bois à l’heure où la rosée rosoie et le coq coquoie.

  Et voilà le crédulissimo remballant l’attirail, le dimanche, à l’heure où la grand-messe bat son plein de grenouilles de bénitier qui ne monteront jamais, elles, à l’échelle, si ce n’est pour baiser les pieds d’un Bernard Tapie évangélique agrafé à un crucifix ancré trop haut au-dessus de l’autel Dieu. Le pauvre remet les esches à la baille, les donne à manger à son poisson rouge, qui vomit, ou les consomme lui-même en vinaigrette (avec une paille et des baguettes), qui les… Beurk ! Ensuite, l’homme déçu, après avoir passé une nuit d’enfer à maudire, mots dire, damner et condamner les éléments et à rêver qu’il aurait attrapé des tombereaux de poiscaille, constatera qu’à l’aube, il n’y a même pas un courant d’air capable de défriser le seul cheveu qui squatte encore la tête à Mathieu. Quel gâchis, monsieur Parmentier ! Le pire, c’est que lorsqu’il rallume la télé, il s’entend confirmer, comme une mauvaise plaisanterie :

 

« Le vent qui souffle actuellement sur Marseille va se renforcer dans l’après-midi… »

 

  Et il sera forcé de fermer sa gueule, car s’il l’ouvre, il se fera accuser d’être…

  (Un mot commençant par p et finissant par o – mais non, pas pédalo, andouille !)

  Je n’ose le prononcer car il est plus interdit qu’un sens au monastère des Pères Tricards ; encore moins l’écrire, douze Jésus ! Toutefois, il ne risquera pas d’avaler une bouffée de mistral, c’est clair. Alors là, oui, c’en est trop ! On smoke de lui ! Et il fume, fulmine, rumine sa rancœur écœurante. Hurle, vitupère, couleuvrine, aspique, boate, pythonne, crotale de la sonnette, médit et maudit (encore un peu), crache à verse sur la météo, puis court ventre à terre, tel un ver obèse, s’acheter à l’animalerie du coin une pitit’ grinouill’. Des idées nuageuses serpentent dans ses canalisations cérébrales. Dans sa (forte) précipitation, il n’aura pas imaginé qu’il suffisait de demander à son voisin, Georges Mérou alias Jojo le pêcheur, quel temps il fera demain. Aimable, l’homme à la figure de proue burinée serait sorti sur le pont, aurait fixé le ciel et aurait déclaré en tirant sur sa pipe et caressant son front où accoste une casquette bleu marine à jamais vissée sur son atoll :

 

« Pas de mistral demain, con ! Les hirondelles s’en donnent à cœur joie, putain, les mouettes et les goélands volent haut et le ciel n’est pas rouge, fan de chichourle… »

 

  Et la nana qui s’apprête à se dorer le cuir et la pilule au spot universel. Elle comptait se faire ultravioler à la plage, aura amené son parasol pour les heures de pointe de l’oiseau de feu aux ailes de braise et devra s’en servir de parapluie, tant le plafond chiale l’absence de son lustre, noyé sous les brumes matinales d’un après-midi pas net pour les midinettes. Ses doigts seront tellement bagués qu’en mettre un seul sous l’averse, histoire de constater l’étendue des dégâts des eaux, l’exposera à la foudre, paratonnerre rêvé pour se mettre au courant d’une ambiance électrique.  

  Aussi, à l’avenir, l’homme lésé et la femme baisée y regarderont à deux fois lorsqu’on leur bonimentira qu’à Paris, la température a dépassé les trente degrés en plein mois d’août, tandis qu’à Marseille, par calme plat, elle stagne à 25/26. Dorénavant, on ne leur fera plus prendre les messies pour des gens ternes. Et lui, peut-être qu’il songera, lui, en bon français moyen de l’hexagone du dessous, que les grands français de l’hexagone du dessus sont inquiets de constater à quel point les touristes envahissent la grande rivale, la capitale (pas du tout capitole) de l’Europe d’en bas et du Maghreb migratoire. Paris, c’est bien beau, pour la culture, les monuments, mais elle n’est capitale que d’imprimerie administrative, certainement pas de par sa qualité urbaine et orbi. Et ceux qui y sont nés par hasard ne sont pas mieux lotis qu’ailleurs sur les plans intellectuel et moral. Au nord de Marseille, c’est-à-dire à partir du sud d’Arles, aucune épidémie ne transforme un être humain en non-être. Sorti des Bouches-du-Rhône, rien n’attaque le cerveau, si ce n’est le manque d’UV. Enfin, soyons bons enfants de la patrie… laissons-leur croire, aux Parigots, que le soleil du Midi use les neurones, et que c’est la raison pour laquelle ils n’y viennent qu’un mois l’an. Au-delà, ils deviendraient… plus cons qu’eux tumeur !

  D’un autre côté, nul besoin pour nous, sudistes, de nous vanter de la présence de Râ, l’Egyptien zénithal, de se l’approprier, parce qu’il appartient à tout le monde, et aux touristes in first. Il est là, plus bronzant qu’ailleurs, bravo… mais on n’y est pour rien, nous, putain !

  Dommage !

 

  Tout cela pour expliquer ma version paranoïaque des égarements de la météo. Mais comme je ne suis pas pédalo (oups), n’est-ce pas ? Quant à la canicule… lorsque, régulièrement, on vous annonce qu’elle va se terminer jeudi prochain, que cela tombe systématiquement un jeudi et quelle ne choit point du tout, on est en droit d’imaginer qu’il y a comme qui dirait manip’ de masse, non ? Surtout avec les conséquences « hécatombe & catacombes » que l’on sait. Et la fois où, dans le Var, les incendies étaient si virulents et le vent annoncé si prévu très peu lent que les autorités locales avaient commandé aux anciens cocos Moscovites du matériel héliporté spécialisé dans la mouillure de flammes. Manque de bol pour les météorologistes, point de vent ce jour-là ! Et mieux même, comble du cynisme céleste, de la pluie au menu, comme vache qui pisse du lait en poudre. Chouette pour la flore restante, mais hibou et beaucoup bof pour les portefeuilles et marque mal alèse pour notre drap tricolore vis à vis des quatre étoiles bolcheviques.

  Je schématise, je sais, mais c’est que j’aimerais tant étonner maman en faisant du sire concis, elle qui me croyait athée congénital. Mais ceci est un autre dos scié motivant une t’humeur, et dont au sujet duquel je vous tiendrai peut-être le crachoir un jour – si vous êtes sage et en redemandez, gros gourmands. Mézigue, pas bégueule pour un euro, je vous ai « qu’on prie ».

 

  Voilà, j’en ai enfin fini. Vous pouvez fumer… au propre comme au figuré. Vous aurez peut-être compris que ce qui m’agace avant tout dans cette affaire, c’est l’arrogance de canaliser ou analyser à tout prix cette nature qui, par définition, est capricieuse donc imprévisible – bigre, une femme pur jus façon foudre ! Et c’est pour ça qu’on l’aime, cette dame, hein ? Quant aux pitres qui viennent nous l’annoncer prévisible, qu’ils aient au moins la décence de reconnaître quand il y a eu erreur sur la personne. Moins d’humidité et plus d’humilité, par Toutatis et Patatras, ou réciproquement ! Cessez d’annoncer cela avec autant de certitude, médias médisants, alors que vous vous trompez deux fois sur trois ! Je sais bien que vous n’êtes que des beaux parleurs, mainates jamais menottés, que vous répétez bêtement ce que des spécialistes vous ordonnent (?) de dire ou de lire sur le prompteur, mais faites très attention ! Very achtung ! Il faut raison garder, dignité avoir et paix aux gens foutre.

  Qui a déclaré « Gouverner, c’est prévoir ! » ? Celui-là, il a tout capté. 

  Et puis, s’il est vrai qu’il fait moins chaud à Marseille, Martigues, Carry, Cassis qu’à Paris, c’est qu’ici, le mistral chasse, pourchasse cette pollution qui occulte le ciel des « capitalistes », le transformant en couvercle de cocotte-minute au pays des grands coqs. Plus tard – car il s’essouffle après s’être époumoné, le Pavarotti des grands airs –, il la larguera au-dessus de la Méditerranée, qui l’engloutira à jamais ; seulement après, les poissons goberont le poison puis le digèreront…

 

  « Hé, cher maillon faib’, d’vin’ qui s’y coll’ au bout d’la chaîn’ alimentair’ ? Diantr’, j’euss’ mieux fait d’me tair’ ! »

 

  Pour sûr, plus nettoyeur qu’un serial killer, le pet nordique ! Plus azurant, t’humeur, putaing cong !

  Allez zou, vive la Frange sur le front du Maghreb, les strato-stradivarius, les cumulo-omnibus et la météo bonimenteuse et géo-politicarde bien pensante !

  La prochaine fois, je vous dirai qui de David ou de Goliath était le plus sévèrement burné… et le plus frondeur. Promis, juré… Si je mens, je vais m’en faire.

  A bientôt ou tard, donc, et bon vent chez vous…



JYD

BILLET D'HUMEUR
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