SPORTS D’ATTACHE

&

JEUX DE QI

 

 

  Oyez, oyez, « inter-notes » des horizons cybernétiques et de la Terre du Milieu et demi ! Maintenant, ai-je l’outrecuidance (avec les loups) de le supposer, vous avez désormais saisi ma démarche, altière mais haletante, franche mais comptée… D’un pas alerte, je lance l’alarme – eussiez-vous préféré que, la larme à l’œil, je vous alertasse (à café) ? Aussi, braves gens, je vous prie de souffrir encore un chouia d’être entretenu par mes soins (tsoin !), infirmier de l’intellect et de votre conscience.

  Misérable sociologue de l’insignifiance voire de l’insuffisance, je puis plus aisément qu’un psy m’introduire au sein de votre personnalité, la visiter profondément afin de mieux la hanter, fantôme de vos doutes, puis en traduire les hiéroglyphes et, pour finir, la retranscrire, car la psychothérapie mène à tout, sauf à l’essentiel ! Respirez… ma prose s’étale comme de la confiture de bonne qualité sur une tartine plus beurrée que votre serviteur, qui est sobre tel un sombrero (poil au sombre héros). Je poursuis sur ma lancée du Bengale, là où les tigres squattent les moteurs… de recherche. Donc, la simplicité apporte à la vie toute la sève qui lui permettra de s’épanouir dans l’ombre, et nul médecin au monde ne peut combler le vide que la nature n’a pas su remplir. Plus simplet que simple, je ne puis qu’opiner du sous-chef si vous m’invitez à traduire par une longue liste de mots la brève fatuité des maux que j’exprime avant d’imprimer.

  Palsambleu, Freud était un usurpateur ! Pâle sang bleu, oui, moi, j’eusse pu être Fred et user les épateurs… Mais quel proseur de bombes, reconnaissez-le !

  Je suis un authentique interlocuteur dont l’élocution à l’éloquence électrique frise la thérapie de croupes ! Et les croupes électrocutées et partouzardes tricotées à grands coups de triques hasardeuses, ça me connaît, car j’en ai filmées et fumées, Gitanes ou Gauloises, avec ou sans flirt… C’est la fête du QI, morbleu, qui deviendra « célébration cérébrale » lorsque, quelle qu’en fût l’alternative, je vous mettrai enfin au courant alternatif. Oui, je suis sponsorisé par EDF ; et alors, ça vous défrise ?

 

(En exergue, mes allocutions familières donnent droit aux allocations familiales, sachez-le)

 

  Donc, l’autre jour, alors que ma plume avait grincé sur le papier quadrillé de cercles ovales afin de satisfaire votre appétit, vous me lûtes vous promettant (l’eau à la bouche) de savoureuses révélations con(?)cernant les mensurations intimes des ci-devant David et Goliath. Hélas, tandis que je tentais une approche pubienne en piqué, morpion chevauchant une mouche, l’un m’a menacé de porter plinthe, histoire de me voir au pied du mur, tel un maçon, et l’autre m’a joué un remake de Thierry-la-fronde

  Assommant !

  Et quel affront !

  L’aurait dû se prénommer Pierre, lui, tiens, c’est clair – normal, le clair de lune du Pierrot. Aucun rapport, je sais, mais j’en avais envie. C’est comme avec les jambettes des filles, on ne résiste pas au plaisir des jeux de mollets faciles. De plus, il n’avait rien sur le caillou, façon Barthez. Vous captez le quidam quant au sujet duquel je vous cause là ? Le mongoal de l’Olympique d’Omar Oseille et de l’épique de Francis. Celui qui déquillerait les tireurs de pénos avec un lance-Pierre (ou Armstrong alias Guy don Pédalo), si on ne le retenait pas, l’effronté frondeur !

  Oh, peuchère !

  Promu gardien de buts, avec la cage qu’il a dans le dos, c’est plutôt gardien de prison qu’il est, le divin chauve au crâne en peau de fesse. Un drôle d’ange gardien aux ailes de feu, ma foi. Vous l’imaginez, le shooteur, le besogneux exécuteur des basses œuvres, ou l’ouvrier des basses besognes, posant son ballon sur le point de penalty, et pan ! dans l’Emil’ via Fab’. Oui, ils s‘appellent tous Emile, les tireurs de pénos, pourquoi ? Le Fab’ – pas forcément de la fontaine – a si tellement bien visé que c’est la rosière arrosée. Retour à l’expéditeur version anticipation de la genèse originelle. Sans sourciller, une balle au milieu du front, entre les virgules velues, et une perspective de troisième œil s’ouvrira, pour mieux contempler ce qu’est une béance avec vue sur un désert. Et si une pensée surgit à brûle-pourpoint, ce ne peut être qu’un mirage d’oasis. Et il y aura forcément un pyromane dans le coin pour l’effacer, javellisant la verdure, la chlorophylle qui s’exprime, s’extériorise, noyant la sève sous des torrents de lave…

  Et puis, The Fabulous Fab’, il pourrait également rameuter ses potes, tous hommes invisibles, ombres transparentes ou statues sculptées dans les courants d’air, non ? Ils s’entasseraient sur la ligne marginale, s’amonticuleraient de sorte à faire de leurs corps un conglomérat de briques bétonnées à la colle glu – celle qui agglutine. Et après ça, comment voulez-vous que le ballon entrât comme un intrus dans les brutes… oups… les buts, hein ? Mieux qu’une ceinture de chasteté sur le miaou d’une pute vierge.

  A tension, tes reins, minet !

  Bon, d’accord d’Eon, Yvette Hors-Nerfs, brève et trèfle de plaisanteries !

 

  Maintenant, imaginez la cène, mes doux Jésus !

 

  A l’issue d’un match de fous de foot, par exemple, un journaliste tient son micro d’une main sûre et l’œil alerte, ou l’inverse. Les vivats de la foule en délire couvriraient un découvert bancaire de plusieurs milliards de pétrodollars. Les gens sont contents car ils ont existé durant environ une paire d’heures. Tous unis en une même ferveur, comme un cri du chœur, plus préoccupés par leur haine de l’équipe adversaire que par l’amour qu’ils portent à leurs propres couleurs, également portées. On dirait que l’homo des médias deux fois sapiens va lécher une glace fossilisée dont le parfum imite la crotte de mammouth et y parvient à merveille. Un fumet à désenrhumer un adepte du paf grippé du pif. Il en loucherait s’il n’était pas aussi préoccupé par le prompteur qui défile sur ses paupières à moitié entrouvertes, ou mi-closes, au choix, c’est vous qui voyez. A l’image du mec qu’il tient en point de mire, son cerveau semble en rodage, tant il cahote en crachotant les syllabes syncopées, se servant de son basique instinct…

  Guillaume Untel, après avoir remplacé Jean Banler au pied levé – ou à main levée s’il est cul-de-jatte –, va interviewer un élu de l’élite du ballon pas ovale pour un sou mais presque. La rencontre vient tout juste de s’achever sur un match nul 4 à 3, et le footix sue tellement qu’on dirait que son unique neurone rêve des chutes du Niagara.

  A bras raccourcis, Les Manchots du Derche affrontaient les Pieds Niqués, et ces derniers, prenant leurs jambes à leurs cous, ne purent que constater en s’étranglant qu’ils étaient eux aussi des maçons attendus au pied d’un mur (il n’existe pas de murs culs-de-jatte), surtout à l’occasion des coups francs.

  Guillaume Untel s’approche d’Helmut Shoot, l’avant-centre déshydraté en chute libre qui vient de marquer les sept buts, dont trois contre son camp. Il arbore d’ailleurs quelques ecchymoses du plus bel éphèbe, attestant que ses partenaires ont apprécié sa performance si… marquante. S’ensuit le dialogue de sourds dingues suivant :

 

  – Alors, heureux ?

  – C’est vrai que si nous avions perdu, on n’aurait pas gagné.

  – Vous êtes content d’avoir marqué ?

  – Non, pas du tout. Vous oubliez que je suis un adhérent au MLG : Mouvement des Liberos Goals.

  – Que pensez-vous de la prestation de votre équipe ?

  – Nous étions bien en place et nos adversaires mal en point.

  – Vous pensez reporter ces couleurs la saison prochaine ?

  – Non, non… J’ai signé au FCHI : Football Club des Hommes Invisibles.

 

  Pour sûr, celui-là, c’était le maillot faible. Mais il y en a tant d’autres qu’ils sont légion, comme dirait la biquette du sieur Seguin, adjuvant-chèvre à la retraite.

  Et c’est la même chanson, le refrain troulala itou chez les autres sports. Sauf peut-être lorsqu’il s’agit de rugby, en terre d’Ovalie de la France néanmoins d’en bas… Mais là, c’est la fausse modestie qui prédomine en touche, a un goût de contreplaqué (surtout en possession du ballon) dans les rapports présumés (ou « près tendus ») humains. Ainsi, jadis, lorsque Serge Blanco marquait des essais extraordinaires sur des relances d’entre ses propres poteaux, il déclarait aux micros que c’était avant tout grâce au travail du collectif, la sape corrosive de ses poteaux à lui, tous vêtus d’une panoplie identique frappée du coq au vin sportif. Ce n’est pas de l’humilité ça, c’est prendre les gens pour des béotiens béats et benêts.

  C’était l’ange noir, Blanco… un ange diabolique, insaisissable, lui aussi aux ailes de feu ! Le rugby est un sport dare-dare et d’essais qui n’a nul besoin d’explication de texte : c’est une discipline qui marque… les esprits et les corps ! Ses envolées étaient plus aériennes que la Patrouille de France, et ses foulées si chaloupées à l’occasion d’attaques dévastatrices au sein de la défense des éléphants d’en face, que l’on imaginait la charge d’un corps de ballet contre une armée de santons en porcelaine.

 

  Non, vraiment, le sport n’est pas crédible, il est crétin ! Mais, de grâce, que l’on cesse à jamais de donner la parole à des individus qui, non seulement n’ont rien à dire, mais, de plus, ne savent pas dire ce qu’ils feraient mieux de taire. Alors, à interlocuteurs bêtes, questions animales…

 

  Braves gens, comme l’affirme mon poisson rouge en bullant, un ide (pas tout à fait de mars) qui baigne dans ses idées à la manière d’un fœtus dans son placenta, soyez toute ouïe ! Je ne saurais trop vous déconseiller d’encourager vos gamins à scléroser leurs cerveaux en en ôtant la richesse en devenir, intérêts en noisettes sur le compte de l’Ecureuil et du panache roux (mais parfois blanchi) auquel on se rallie. Le corps a besoin d’oxygène, certes, de se dépenser tel l’argent, je l’avoue, toutefois vous serez les premiers surpris à découvrir vos rejetons baragouinant à la téloche des propos sans queue ni tête de lobotomisés dix fois trépanés. Vous penserez alors que vous eussiez mieux agi en les forçant à aller à l’école au minimum jusqu’à onze ans, plutôt que de laisser un recruteur vous les arracher des bras pour en faire des manchots aux pieds plats. A trente ans, bouffés par le fric facile, la dope et le dopage, ils se retrouveront incapables de dire « Bonjour papa ! Bonjour maman ! », et ils préfèreront vous envoyer un texto (ou un fax similaire) rédigé par un nègre, pour annoncer leur retour à la maison, parce que là, enfin, les gens parlent parfaitement leur langue prénatale.

 

  Bon, allez, je vous laisse et vais me reproser un tantinet, c’est l’heure de la prose-café chez tante Tinette. Faut que je me ressource, avec un nuage d’eau de pluie chaude et une larme de lait… J’ai si sué pour débiter cette bafouille à cause de laquelle par sa qualité douteuse j’ai si tant longtemps hésité entre la prose et les pauses que ça prouve bien que je m’ai pas dopé à l’issue (oups, fote de frape !) de mon plein gré avant de l’écrivationner. Désolé, les fées de la drogue s’estompent. C’est un texte à créditer d’un zéro pointé, peut-être, mais, au moins, ma mie, il ne mange pas de pain… dans ta gueule !

  La prochaine fois, promis, curé, je vous expliquerai comment des spermatozoïdes en chocolat donnent naissance à des œufs de Pâques à raison d’une couvée par an, et comment les poissons d’avril, avec un peu d’humour poissonnier, donc marseillais, restent frais toute l’année…

  A bientôt, les gourmands et les gourmettes !

  Et surtout, cramponnez-vous à votre QI d’origine, car le sport, grand dévoreur de neurones et de bibine, vous guette…

 

 

 

JYD


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