Quatre balles pour un amour
Par Jean-Luc FERNAGUT

 

 

 

    La nuit tombe. Une à une, les étoiles apparaissent au firmament. La lune brille.              Catherine, les cheveux dans la brise fraîche regagne son domicile à 20 km de son lieu de travail, un bureau où semble s’étioler cette jolie fleur.

 

    La nuit, maintenant, est tombée. Sur cette route de campagne où ne s’allume aucun réverbère, ni ne brille aucune manifestation humaine, les arbres et les bosquets prennent de l’ampleur et créent des ombres fantasmagoriques. Elle est déjà à mi-chemin et déjà, il lui semble ressentir la douce présence familiale et les odeurs d’une cuisine toujours parfaite. Dans le rétroviseur, soudain, flamboient des lumières. Elles grossissent en se rapprochant. Bientôt le vrombissement de plusieurs motos emplissent le calme nocturne. Une moto la dépasse, son pilote la regarde un instant et rabat sa machine sur la droite. Les autres suivent. Elle est obligée de ralentir pour éviter le premier motard qui a freiné à mort et lui barre le passage.

 

    - Non mais, ça va pas  !  s’écrie-t-elle

    - Du calme, poupée, on veut seulement discuter,

    - Je n’ai rien à vous dire !

    - nous si, et on a le temps, pas vrai, vous autres ?

    - Sûrs répondent-ils en choeur.

 

    Malgré elle, elle frissonne. Elle commence à avoir peur. Le premier motard a braqué sur elle le projecteur de son engin et elle ne voit plus rien !

    - Alors, ne vous avais-je pas dit qu’elle était mignonne, la petite ?

    - Laissez-moi, voulez-vous ?

    - Nous voulons seulement bavarder !

    - Laissez-moi partir !

 

    Pendant qu’il détourne son attention, deux autres  s’approchent d’elle doucement. Se rendant compte de leur présence, elle se retourne mais trop tard, ils la saisissent et malgré ses tentatives, elle se sent entraînée vers l’ombre de plus en plus dense des fourrés.

    - Non, s’écrie-t-elle, je vous en prie, pas ça !

    - Nous ne te voulons aucun mal : nous voulons seulement jouer un peu, c’est tout !

    Tandis qu’un motard la tient solidement par  les bras, les deux autres commencent à s’attaquer à ses vêtements. Bientôt , son jean est arraché et jeté au loin.

    - Non, articule-t-elle, je vous en prie, arrêtez, s’il-vous-plaît !

    Elle est jetée au sol où un corps qui lui semble énorme se laisse tomber sur elle et lui maintient les jambes. Son buste est alors dénudé et des mains pétrissent sa poitrine...

    - Je vous en prie, arrêtez !

    Un souffle rauque lui répond.

            Le dernier vêtement est lacéré et le corps se fait plus pesant. On la maintient par les bras tandis qu’on lui écarte les jambes...

    - Non, Non !

    Une douleur lui vrille les entrailles. Il s’acharne sur elle, pétrissant son buste de ses mains qu’il voudrait tendres en lui murmurant des mots d’amour qu’il croit devoir prononcer en accomplissant son acte.

    - M....., je tiens plus et le corps se retire, à toi maintenant !

    Et la même douleur renaît...

    A demi-inconsciente, elle ne pense plus à crier, ni même à sangloter, ni à supplier ses tortionnaires. Elles est entrée dans un monde étrange couleur de sang et de larmes. Longtemps après, elle émerge, mais se rappelle les instants terribles, ces corps pesants sur le sien, ces mains, ces caresses immondes. Cette douleur intense qui demeure... Elle parvient à s’asseoir, elle frissonne, de froid maintenant.

    - Et maintenant, Johnny, qu’est-ce qu’on fait ?

    - Ecrase, je réfléchis,

    - Alors, fais-le rapidement : elle nous écoute !

    - Il n’y a pas 36 solutions !

    - Tu veux que ... ?

    - T’en vois une autre ?

    - Non, mais un ...

    - Ecoute, Crétin, elle a entendu nos voix, nos prénoms, elle pourra nous reconnaître. Et tu sais ce qui nous attend.

    - Peut-être qu’en lui faisant suffisamment peur, elle se taira !  

    - Pour tes beaux yeux ? sûrement ! Non, il n’y a qu’une solution

    A ces mots, elle se redresse :

    - Vous allez ... me tuer ?, je me tairai. Je ne dirai rien à personne, ni à la police, je vous le jure mais laissez-moi vivre, s’il vous plaît ?

    Il s’approche d’elle et la saisissant par les cheveux, il l’oblige à s’agenouiller,

    - Je n’en ai pas fini avec toi, tu m’as repoussé, tu m’as préféré à un minable employé de bureau : je veux me venger !

    - Joël, c’est toi ? Non, je ne peux ...

    - Tais-toi !

    Tandis qu’il oblige la malheureuse à assouvir son désir, il desserre lentement l’écharpe qu’il porte autour du cou et la passe autour de celui de sa victime.

    Au moment où il prend son plaisir, il serre d’un seul l’écharpe. Un râle le termine, le corps se relâche et s’affaisse...

    - Filons, on a plus rien à faire ici...

 

    Les deux gendarmes poussent la porte du bureau et se dirigent vers un guichet :

    - M. Patrick D.

    - 3ème guichet...

 

    - M. Patrick D. ? Nous avons une convocation pour vous !

    - Pour moi ? A quel sujet ?

    - Connaissez-vous Melle Catherine R. ?

    - Catherine ? Oui ? Il lui est arrivé quelque chose ?

    - On a trouvé son corps ce matin, près de la départementale 16

    - Vous voulez dire que ...

    - M. D.  Si vous le voulez, un collègue vous remplacera cet après-midi !

    - Merci Monsieur, Catherine ! Morte ! Je ne peux y croire !

    Encadré par les représentants de l’ordre, Patrick sort du bureau sous les regards attristés de ses collègues.

    - C’est un sale coup qu’il lui arrive : pratiquement la veille de son mariage !

    - Un accident ?

    - Va savoir avec eux !

 

    M. Patrick D. pouvez-vous nous donner votre emploi du temps, entre 18 h et 23h30 hier ?

    - A quelques minutes près, bien sûr. Je suis sorti du bureau à 18h45, à la fermeture

    J’ai pris la bécane et je suis rentré chez moi vers 19h20, 25. J’habite à 30 km d’ici. J’ai dîné et suis sorti faire un peu de moto. je ne suis rentré que vers 23 h à peu près.

    - Où êtes-vous allé ?

    - Je ne saurais vous le dire exactement. Quand je roule la nuit, je pars un peu à l’aventure.

    - Avez-vous emprunté la 16 ?

    - Non, je ne pense pas. Mais pourquoi toutes ces questions  ? Catherine n’a pas eu un accident ?

    - Personne ne vous a parlé d’accident !

    - Mais, alors ?

    - On l’a tuée, étranglée. Pour être plus précis après l’avoir violée plusieurs fois !

    - Violée ? Par qui ?

    - Si nous le savions, vous ne seriez pas là !

    - Avez-vous une piste ?

    - Quelques-unes

    - Et j’en fais partie ?

    - Oui

    - Vous êtes ridicules : nous devions nous marier la semaine prochaine. Pourquoi l’aurais-je violée ?

    - Nous avons vu pire, vous savez et nous ne devons rien négliger. Néanmoins, vous êtes libre. Mais tenez-vous à notre disposition. Avez-vous des témoins qui pourraient confirmer vos dires ?

    - Aucun, je pars toujours seul et je suis orphelin : vous voyez le coupable tout

trouvé !

    - Ne soyez pas impertinent !

 

    Il rentra doucement au bureau. Son supérieur l’accueille avec une compassion trop visible pour n’être pas feinte,

    - Pourquoi cette convocation, M. D.

    - Ma fiancée a été tuée dans la nuit. C’est tout. Ils cherchent .

    - Toutes mes condoléances. Qu’allez-vous faire ?

    - Je vais attendre le résultat des recherches.

    - S’ils ne trouvent pas ?

    - J’aviserai à ce moment-là. Pour l’instant, je voudrais quelques jours de congé

    - Vous avez encore droit à une semaine.

 

    Le petit cimetière est envahi par une foule aux visages recueillis. Un enterrement est déjà lugubre, pour une jeune fille de vingt ans, c’est pire. le prêtre abat son goupillon en prononçant les mots sacramentels. Une femme pleure dans l’épaule de son mari : c’est sa fille que l’on ensevelit. Patrick paraît calme mais des cernes sous les yeux trahissent son manque de sommeil. Après le discours d’usage du prêtre, au moment où les parents s’apprêtent à jeter une poignée de terre, il s’approche et au bord de la fosse, il tend son bras et prononce à haute voix :

    - Catherine, pardonne-moi : je n’ai pas pu te protéger mais devant ta dépouille que je chéris encore et ces gens qui me regardent, je jure de ne connaître le repos avant de t’avoir vengée. Malheur à celui ou à ceux, quels qu’ils soient qui t’aient fait cela : il n’y aura que la Justice de Dieu. J’en fais le serment. Je ne reviendrai que lorsque ma tâche sera accomplie,

    La mère le regarde et dans un murmure :

    - Merci.

 

    Quelques jours plus tard, Patrick se présente au commissariat et :

    - Pourquoi m’avoir convoqué ?

    - Pour vous annoncer que vous être définitivement mis hors de cause. Nous avons trouvé des témoins qui corroborent vos dires d’une part et d’autre part, nous avons également appris qu’un couple d’amoureux a entendu et ensuite vu 4 motos qui semblaient suivre un cyclomoteur aux heures qui correspondent à celle du meurtre. Mais nous ignorons qui ils sont, pour l’instant et n’avons aucun détail sur les engins si ce n’est que l’un d’eux avait un Klaxon de police américaine. C’est maigre comme renseignements !

    - Autrement dit, vous baissez les bras !

    - Nous n’avons rien dit de pareil, mais l’enquête sera longue et difficile !

    Patrick sort et son cerveau commence à travailler rapidement.

    - quatre motards et un klaxon américain, c’est peu comme indices mais c’est mieux que rien

 

    Il est dehors. marchant sous le soleil, Patrick répète, comme un leitmotiv, les renseignements en sa possession. Il la revoit dans son jean blanc et son pull marin, ses cheveux bruns ébouriffés par le vent. Il la revoit, lors des dernières vacances, quand, telle une nymphe sortant de l‘eau, elle lui faisait signe. Puis soudain, sans transition, un trou où repose un cercueil. Alors, les larmes lui montent aux yeux.

 

    Sans s’en rendre compte, il est devant son employeur, il pousse la porte.

    - Le patron est là ?

    - Oui dans son bureau

 

    - Monsieur, vous connaissez les événements qui me touchent de très près. Ma fiancée a été tuée et la police n’a pas l’air de pouvoir faire grand chose tant les indices sont minces. Je voudrais que vous m’accordiez un congé sans solde.

    - Je comprends votre réaction, mais il faut faire confiance en la justice. Sans cela, où irions-nous ?

    - Monsieur, Qu’accorde la justice à un violeur et un assassin ? dix ans ?  vingt ans ? ...

    Après cinq ou six ans, il est relâché pour bonne conduite. Je ne veux pas que son assassin puisse se vanter de son forfait !

    - Qu’allez-vous faire ?

    - Les chercher et les trouver !

    - Ensuite ?

    - Les événements décideront !

    Ayant recouvré sa liberté, il enfourche sa moto et part sur le lieu de travail de Catherine. Puis, il prend le même chemin. Arrivé sur les lieux de l’agression, il s’arrête et s’enfonce dans les fourrés.

    - Les flics n’ont rien laissé : je ne trouverai rien ici !

    Devant l’herbe écrasée, les buissons aux branches cassées, il lui semble revivre l’agression. Quatre ombres qui se jettent sur elle, arrachent ses vêtements, elle se défend, mais... Ne pouvant en supportant davantage, il s’efforce de chasser des images terribles de sa tête. Il tombe à genoux et les larmes coulent sur son visage sous le casque qu’il a conservé. Nerveusement, il assène des coups de poing à la terre en l’injuriant...

    Une main qui se pose sur son épaule le fait se redresser. Il reconnaît l’arrivant :

    - Père Julien, que fais-tu ici ? Encore du braconnage ?

    - Chut, Petit, on pourrait t’entendre. J’étais à l’enterrement de la petite et j’ai entendu ce que tu as dit : c’était bien mais ils sont plus forts que toi !

    - pourquoi tu dis ça ?

    - Parce que !

    - Si tu sais des choses, il faut me les dire !

    - Et tu irais raconter cela à la police qui me demandera ce que je faisais ici, ce jour-là !

    - Non, je garderai çà pour moi !

    - je veux pas aller au trou, mais pour ce que tu as dit à l’enterrement... Ben vlà : je venais relever mes collets quand j’ai entendu des motos. J’ai eu peur, je pensais à la police. Je me suis caché. Ca fait quinze ans que je viens ici régulièrement et régulièrement, ils me tendent des pièges mais m’auront jamais, je suis trop malin pour eux !

    - Abrège, viens au fait !

    - Donc, je me cache. Les motos s’arrêtent. Alors, j’ai pensé à des amoureux. Ca arrive souvent par ici. Mais entendu une voix qui disait «non, non, arrêtez» et d’autres choses encore. Je me suis approché, mais pas trop près. Je voulais pas qu’ils me voient. Et puis j’ai tout entendu jusqu’à ce qu’elle crie «Joël, c’est toi et il a répondu «tu m’as repoussé, quelque chose et je veux me venger»

    - Quel nom, tu as dit ?

    - Joël, je crois

    - Merci, Père Julien, Dieu ne t’oubliera pas

    - Il lui faudra beaucoup de chance pour me trouver...

 

    Patrick rejoint sa moto, l’esprit presque satisfait : enfin, une piste. Il connaît le prénommé Joël dit Johnny par sa bande. Cette fois, sa vengeance est prête...

 

    Pendant deux  jours, il sillonne les rues du village, dans l’espoir de rencontrer la bande. Depuis 48 heures, il rumine sa vengeance, la perfectionne... Le soir du deuxième jour, alors qu’il est attablé à la terrasse d’un café, il LES aperçoit. Il règle sa consommation et saute sur sa moto. il les suit. La nuit s’avance et les quatre motards ne semblent pas vouloir rentrer chez eux. Il commence à perdre patience. Mais soudain, ils s’élancent en faisant hurler leurs moteurs. La poursuite a commencé. A un carrefour, la bande se scinde en trois. Abandonnant pour cette fois, il retourne dans le village qu’ils avaient abandonné si précipitamment. Il rejoint la chambre qu’il a louée et se couche épuisé.

    Trois heures du matin. Une ombre quitte l’abri d’un porche et s’avance en longeant les murs. Elle parvient près de l’armurerie. Elle s’approche de la porte. Là, elle sort divers instruments de son blouson. Un crissement et la porte s‘ouvre. L’ombre disparaît à l’intérieur de la boutique. Quelques instants plus tard, elle ressort serrant divers objets sous son vêtement.

 

    Au matin, dans un bar proche, les habitués commentent le fait que le vendeur de la boutique a raconté :

    - Tu te rends compte, dit un pilier de bar à son voisin : la vitre coupée au diamant et un pistolet avec ses munitions disparus, mais rien d’autre. Le vendeur a dit qu’il y avait pas mal d’argent dans la caisse mais on n’y a pas touché !

    - Et le signal d’alarme ?

    - Y en avait pas : coûtait trop cher qu’il disait !

 

    La soirée de ce jour mémorable, une moto attend à un carrefour. 23 h.  23h30. Quatre feux trouent la nuit et se séparent. Elle démarre et suit l’un d’eux. la poursuite continue pendant une bonne heure. Enfin, le poursuivi met son clignotant et s’arrête devant l’entrée d’un  garage. L’autre continue un moment puis s’arrête à son tour. Son pilote descend et rapidement rejoint le garage. De son pied, il bloque la porte et la pousse

    - Que voulez-vous , grogne une voix empâtée par l’alcool,

    - Paulo ?

    - Ouais ! qu’est-ce que tu veux ?

    - Te parler !

    - A c’t’heure  ? Et de quoi ?

    - d’un viol, ça te dit ?

    - Je sais pas de quoi tu parles

    L’autre sort quelque chose de sa poche et braque le faisceau d’une petite lampe dessus : un pistolet !

    - Je sais pas de quoi tu veux parler !

    - Ecoute : ou tu parles ou je t’abats sur place : qui a violé Catherine ?

    - Pas moi ! je te jure, Johnny oui, mais pas moi

    - Je ne connais pas le quatrième, qui est-ce ?

    - Dédé, mais il a rien fait que le guet

    - Tu te fous de moi ! Comment y sont-ils arrivés ? Parles, crapule !

    - Je, je les ai aidés à la déshabiller mais j’ai rien fait, j’ai pas pu. Il faut me croire !

    - Les autres, je les trouve où ?

    - Johnny, sais pas, mais les autres, Dédé et Micky sont toujours fourrés dans le même bar à 20 km d’ici. jusqu’à trois ou quatre heures.

    - Fais ta prière !

    - Tu vas pas me ... AU SECOURS !

    Le cri est couvert par la détonation. Catapulté par le choc, le corps va s’écrouler deux mètres plus loin.

    - Et d’un... ajoute l’ombre en jetant un bristol sur le ciment, bristol où l’on découvre ces quelques mots : LA VENGEANCE EST MIENNE !

 

    La porte du bar s’ouvre et les consommateurs regardent l’arrivant entrer, casque sur le crâne. D’un geste, il tend une carte au barman où il y lit :

    - Appelez-moi Dédé et Micky SVP

    Deux jeunes gens se lèvent après l’annonce. ils s’approchent du zinc. le serveur leur indique l’homme au blouson et casqué. Celui-ci soulève la visière et une voix déformée retentit :

    - Qui est Micky ?

    - C’est moi, Qui le demande, fait le plus grand, pourquoi ?

    - Pour ça !

    Et un pistolet apparaît qui aboie une seule fois. Micky est projeté en arrière sous l’impact et son corps fracasse une table sous son poids.

    - Que personne ne bouge ! Approche, Dédé et désape-toi !

    - Mais...

    - Fais ce que je te dis !

    - Je ...

    Alors, je vais attendre combien de temps ?

    L’autre s’exécute. Quand il est nu comme un ver, une main cachant pudiquement son bas-ventre, la voix reprend :

    - Voilà ce que je fais aux guetteurs quand ses copains violent, massacrent et tuent une jeune fille : approche, ordure !

    - Qu’allez vous faire ?

    Une détonation et Dédé hurle en s’effondrant : la balle après avoir transpercé sa main s’est logée dans le bas-ventre le mutilant.

    - Remettez ceci à la police

    Et l’homme tend un bristol où le barman lit : LA VENGEANCE EST MIENNE.

 

    Trois heures plus tard, Patrick se dirige vers une boîte de nuit où il sait rencontrer sa prochaine victime. Il paie son entrée et se dirige vers le comptoir.

    - Johnny est là ?

    - Oui, monsieur

    - Faites-le venir, SVP

 

    Le prénommé Johnny s’approche, impeccable dans sa veste blanche de serveur. A le voir ainsi accoutré, Patrick commence à douter. Et s’il s’était trompé ?

    - C’est pourquoi, Monsieur ?

    - Je voudrais vous offrir un verre

    - Je n’ai pas le droit pendant le travail

    - Pour moi, tu l’auras et il jette un billet de 100 euros sur le comptoir

    - En quel honneur ?

    - As tu entendu parler du verre du condamné ?

    - Je ne suis pas

    - Tu l’es ! A mort !

    - Par qui et pourquoi ?

    - Par moi et pour viol suivi de meurtre

    - Je ne vois pas ce que vous voulez dire. Vous êtes un malade

    - Bouge pas Johnny, ou j’applique la sentence tout-de-suite. Patron, arrêtez la musique !

    Quand le silence s’est fait, Patrick reprend la parole en se levant et se dirige vers la porte, faisant toujours face à Johnny qui n’ose bouger

    - Patron, appelez votre videur et votre caissier. Qu’ils restent tranquilles. Je n’en veux qu’à cette ordure que vous avez comme serveur. Souvenez-vous, tous, une jeune fille a été tuée il y a quelques jours après avoir été violée plusieurs fois. Cette fille s’appelait Catherine et elle avait vingt ans. Nous devions nous marier. Elle était heureuse de vivre jusqu’à ce que ce type qui joue les durs quand il est sur sa bécane et avec ses trois copains, s’en mêle.

    - Ce n’est pas moi qui ait violée ta petite amie

    - Un braconnier a tout vu, tout entendu : «tu m’as repoussé, je veux me venger !»

    - Ouais, je l’ai dit ! Je la voulais. Chaque fois, elle me repoussait en rigolant, je voulais me venger !

    - En la violant et l’étranglant !

    - Parce qu’elle m’avait reconnu

    - Tu vas payer maintenant. Ecartez-vous tous. Approche, chien ! Le minable va s’occuper de toi. Approche et regarde, une fois, en face, regarde ta mort !

    - Mes copains me vengeront !

    - Tes copains ne peuvent revenir de l’enfer où je les ai expédiés !

    - Tu les as tués ?

    - Au moins deux : Micky et Paulo. Quant à Dédé, s’il survit, il ne pourra jamais plus approcher une femme !

    Le coup de feu surprend tout le monde. L’odeur de la poudre envahit les narines des plus proches. Le sang de Johnny souille le parquet.

    - Pas un d’entre vous ne bouge : je n’ai plus rien à perdre !

    Il sort de la boîte sans que personne ne s’y oppose. Inconsciemment, tous l’approuvent et tous l’admirent pour avoir osé...

 

    Le lendemain, le commissaire reçoit une lettre. Il arrache l’enveloppe et commence à lire le message. Il se redresse bien vite et hurle dans l'Interphone :

    - Inspecteur, ici, tout de suite !

    - Tenez, lisez :

    - «Monsieur le Commissaire, quand cette lettre vous parviendra, l’affaire Catherine R. sera réglée. J’ai retrouvé les quatre coupables et vais les châtier pour leur crime. Il est possible qu’ils m’aient avant, mais, j’en doute, ils n’ont rien changé à leurs habitudes. le hold-up de l’armurerie, c’est moi également. Quand vous me retrouverez, rendez le pistolet à son propriétaire légitime».

    Adieu, Monsieur le Commissaire, je vais rejoindre celle que j’aime.

    Signé Patrick D. 17h30»

 

    - Monsieur le commissaire, on nous signale quatre meurtres cette nuit : deux dans un bar où un blessé vient de mourir, un dans un garage et enfin, dans un night club, et chaque fois, on a trouvé un bristol avec le mot vengeance écrit dessus.

    - Nom de D... Au cimetière, tout de suite !

    - Au cimetière ?

    - Où voulez-vous qu’il aille rejoindre sa fiancée morte ?

 

    Sur la dalle fraîchement posée, le sang forme une large flaque qui commence à sécher. Patrick a tenu ses promesses : il l’a vengée et est venu la rejoindre...

    Le commissaire ramasse l’arme et :

    - Affaire classée !


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